Mardi 19 mars 2013, Richard Bertin (batteur DW / Paiste) m’offre l’occasion de découvrir les coulisses du Studio 130 où s’enregistre l’émission musicale de Nagui, « N’oubliez pas les paroles ».
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Ce jour là, Richard se lève à 5H00 du matin pour venir me récupérer à la gare de Lyon dans Paris, puis direction la Plaine Saint Denis où sont regroupés les plus importants studios de la télévision française.
Le site est impressionnant, quadrillé de hangars et de bâtiments dédiés à la production audio visuelle. Cela m’évoque les complexes américains de tournages d’ Universal Studios.
Le ton est donné, un air de frénésie plane déjà sur ce village qui anime la France.
8H00. Devant chaque complexe, des regroupements de personnes se forment déjà, composés de techniciens, d’artistes, de maquilleurs, d’animateurs et d’acteurs.
Les figurants ne tarderont pas à arriver. Animés d’une certaine excitation, ils parcourent les 100 pas. Stars d’un jour ou bien plus, ils savent que ce lieu n’est pas anodin.
La machine à créer du rêve pèse son poids, elle ouvre des portes à de nouveaux mondes…
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Le studio ouvre, Richard me fait découvrir le plateau, immense, encore remué de la veille par une activité intense. Les musiciens se préparent pour une balance, pendant que les éclairagistes, perchés sur leurs élévateurs, règlent les projecteurs suspendus à 25 mètres de hauteur.
Le réglage des multiples réseaux de communication commence. Celui des musiciens, équipés d’oreillettes en retour et de micros d’ordres pour communiquer entre eux, celui des figurants et de l’animateur, ainsi que celui de l’émission, transmise aux auditeurs.
A chacun sa régie! Pour éviter de polluer le plateau au niveau sonore, les guitares et les claviers sont branchés en direct. Seule la batterie DW Collector Lacquer, isolée par des panneaux transparents, émet un son acoustique audible.
9H00. La fourmilière s’active, le public, accompagné d’hôtesses, est placé et les répétitions peuvent commencer. Au programme, l’enregistrement de 16 émissions !
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Le temps d’un break, Richard me présente une sommité de la télévision, le réalisateur Gérard Pullicino. C’est notamment l’homme qui, au travers de son approche de musicien, offrait au public français une approche moderne des rythmes de montages d’images très orientés clips vidéo, et que l’on découvrait il y a 20 ans dans l’émission Taratata.
Il est presque 10H00 quand Nagui fait son apparition. Le temps d’un instant, vif et lumineux, il magnétise l’audience. Le spectacle peut commencer. L’homme est une vraie machine de guerre. Captivant, il polarise toutes les attentions des équipes qui l’entourent. Il assurera un rythme de travail élevé jusqu’à 20H30 sans fléchir !
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A chaque instant nos musiciens sont prêts à lui répondre, sous l’attention particulière de Richard, qui se place en interface entre Nagui et les musiciens. Ils sont rodés depuis 5 ans à cet exercice, fort d’un répertoire de plus 3000 titres !
Je profite de la pose déjeuner pour une interview avec Richard, dans le but de mieux comprendre comment on gère un tel programme :
FH. Quelle est votre méthode de travail entre musiciens pour assurer un tel programme de chansons ? RB. Les moments qui ont précédés le lancement de l’émission ont étés les plus durs. Nous avons dû apprendre 500 titres sur quelques semaines de préparation, et ceci pour les 4 premiers jours de tournage. Pour que cela soit possible, nous avons dû trouver le bon équilibre entre un son qui doit rester crédible et une interprétation des morceaux limitée. Je travaille dans mon home studio, les quelques boucles spécifiques que je lance par mon Octapad SPDS Roland. Le reste est assuré par nos deux claviers.
Aujourd’hui, nous rajoutons, à chaque session, une dizaine de titres, dont les relevés sont assurés par notre guitariste Jean-Luc Paris et notre pianiste François Legrand.
Le répertoire s’étend des années 30 à aujourd’hui. Pour ma part, je connais déjà 90% des morceaux de la variété française d’oreille. J’ai décidé d’apprendre tout par-coeur… Quand nous révisons chacun notre programme complet à la maison, nous travaillons uniquement le couplet et le refrain de chaque chanson.
FH. Règles-tu ta batterie sur plateau de la même manière qu’en concert ? RB. Oui, le réglage est identique. L’idéal, c’est d’accorder sa batterie selon l’acoustique de la salle dans laquelle on se produit. Je joue à l’énergie comme sur scène. Il faut que le son reste vivant. Les ingénieurs font le reste.
FH. Comment as-tu élaboré ton propre son ? RB. Au départ, j’ai été influencé par mon maître Abe Laboriel Jr, qui joue sur une batterie DW et sur les cymbales Paiste. J’ai ensuite travaillé mes sons pour qu’ils fassent bloc quand je joue, en procédant au choix délibéré de cymbales de dimensions assez larges, comme mes Paiste Twenty, associées au spectre sonore large de ma DW. Je joue par exemple un charley de 15″ et une ride de 22″ qui m’offre un son moderne que j’affectionne particulièrement. Mes crash évoluent de 17 à 20″. Ma culture Pop-Rock a orienté mon choix pour des peaux Remo modèle Emperor qui sont doubles et dont la puissance s’accorde bien à mes fûts.
FH. Quelles sont, d’après toi, les qualités qu’un batteur doit avoir pour pouvoir jouer sur un plateau
Télé ? RB. Je pense qu’il doit être franc dans son jeu, sans en mettre des tonnes…
Ce qui m’impressionne, ce sont les batteurs qui, avec un simple beat, me font pleurer. On a tous des préférences dans les langages rythmiques. Faire les bons choix pour que l’artiste se sente à la maison, accompagné, pour qu’il ait confiance, parce que les fondations sont solides, c’est notre première mission. Musicalement, il y a aussi une différence entre taper fort et taper franchement. Le silence entre une grosse caisse et une caisse claire doit être joué et doit avoir son importance pour donner une respiration au morceau…
Après cette entrevue et un bon repas restructurant, l’après-midi reprendra sur une cadence soutenue, pour terminer enfin à l’heure du journal parlé de 20H00.
Je tiens à te remercier, Richard, pour cette journée instructive, ton accompagnement, ton professionnalisme et ta grande simplicité !
Frank Haesevoets